Olivier de Berranger

La volatilité est de retour dans les marchés !

L’analyse d’Olivier de Berranger, directeur de la gestion d’actifs

 

Après avoir perdu 666 points vendredi, l’indice Dow Jones a rechuté lourdement de 1175 points ce lundi, avec un air de « flash crash » en fin de séance. Cette correction brutale trouve une partie de sa source dans le réajustement, notamment aux Etats-Unis, des attentes d’inflation, que nous évoquions dans notre stratégie de début d’année. La volatilité est de retour dans les marchés !

Les entreprises américaines ont décidé de reverser une partie des bénéfices de la réforme fiscale du Président Trump à leurs employés sous forme d’augmentations de salaires et de primes exceptionnelles. Walmart, premier employeur privé américain (1,4 millions de salariés) a ainsi relevé son salaire minimum de 9$ à 11$ de l’heure, tout en versant une prime qui peut atteindre 1000$. La banque Wells Fargo a quant à elle passé son salaire minimum de 13,5$ à 15$. La liste des augmentations salariales est longue. Les chiffres de l’emploi américain venaient vendredi confirmer cette vigueur des rémunérations : sur 12 mois, la croissance des salaires atteint 2,9% aux Etats-Unis, niveau inconnu depuis mi 2009.

Ces tensions salariales réveillent le spectre de l’inflation et celui d’une banque centrale américaine « behind the curve », à quelques heures de l’entrée en fonction officielle de Jerome Powell. Le taux 10 ans américain s’est envolé de plus de 20 points de base sur la semaine à 2,88%, entraînant le 10 ans français au-dessus de 1,00% et le 10 ans allemand au-delà de 0,75%. C’est finalement la forte baisse des marchés actions de lundi qui a stoppé, provisoirement, la hausse des taux longs.

Au-delà d’un régime de volatilité plus élevé, cet épisode remet-il en cause notre scénario 2018 ? Pas encore. La vigueur du cycle économique mondial et sa synchronicité ne devraient pas pour l’heure être remises en cause par cette correction boursière. La dynamique des publications des entreprises, véritable juge de paix des valorisations boursières, ne se dément pas. Sur le quart des entreprises américaines ayant publié leurs chiffres trimestriels, 81% ont dépassé le consensus, une surperformance inédite depuis 10 ans.

L’économie mondiale étant en phase de normalisation, la remontée des taux longs est inéluctable et apportera son lot d’épisodes de forte volatilité. Cependant, depuis la crise de 2008, les banques centrales se sont dotées de tous les outils pour en piloter le rythme et l’ampleur. En tant qu’investisseurs en actions, nous sommes habitués à ces séquences de doute, qui, bien que pénibles à vivre, encouragent encore et toujours la sélectivité et le choix de valeurs.

Pour les amateurs de statistiques, le VIX, l’indice de la peur a progressé de plus de 110% pour atteindre 37% hier. Une première qui met à mal bien des stratégies et des produits structurés vendeurs de volatilité.

Un VIX qui progresse de plus de 50%, ce n’est arrivé qu’en quatre occasions (1990, 1991, 2007 et 2011) : souvent de très bons points d’entrée dans les marchés.