David Ross

« Ignorance is bliss »

Un américain à Paris : « Ignorance is bliss »

Tant de choses varient d’un continent à un autre ! Ainsi, autant mes amis français auront exprimé une véritable curiosité intéressée tout au long des élections américaines, autant, durant mon séjour aux États-Unis pendant les fêtes de Thanksgiving, les Américains ne m’auront pas posé la moindre question sur les élections françaises…
En 1742, Thomas Gray écrivait « Ignorance is bliss » (le bonheur est dans l’ignorance) : 3 siècles et demi plus tard, cet adage est toujours bien d’actualité !

Dans un article publié plus tôt sur ce blog (Un Américain à Paris : Election Day), nous avons énuméré les secteurs les plus susceptibles de profiter de la politique de Donald Trump en matière de commerce international (notamment les groupes pétroliers et pharmaceutiques). Nous avons omis d’y mentionner ceux qui avaient le plus à y perdre, au premier rang desquels trône le Mexique. Conséquence directe de l’élection, la bourse mexicaine a chuté de près de 7% en monnaie locale entre le jour du scrutin et la fin novembre. Dans le même temps, le peso s’est effondré, et à la fin du mois, les actions mexicaines avaient perdu 15% de leur valeur en dollar.

Si la rhétorique du président élu a sans aucun doute inquiété les investisseurs du monde entier, il semble que les marchés ont eu une réaction disproportionnée face à ses déclarations de campagne. S’attendre à la complète mise en œuvre de son programme, c’est envisager sérieusement l’interruption des chaînes d’approvisionnement des entreprises américaines et son impact négatif sur l’économie américaine et ses ouvriers, le tout avec le feu vert d’un Congrès républicain traditionnellement en faveur du libre-échange. C’est donc très peu probable en l’espèce. En revanche, rappelons que le futur président n’a de cesse de se décrire comme un « pro-business » : à ce titre, ses déclarations pourraient bien avoir vocation non pas à annoncer des mesures politiques applicables en l’état de façon littérale, mais plutôt à constituer des positions de départ extrêmes, susceptibles d’être ajustées au fil des négociations pour déboucher sur un consensus plus raisonnable mais toujours « gagnant ». Quoi qu’il en soit, avec une économie solide sur le plan structurel, un PIB qui continue d’afficher une croissance de l’ordre de 2 à 2,5%, une consommation forte avec une croissance des ventes au détail de 8% et des exportations qui vont profiter d’une monnaie plus faible, le Mexique offre des opportunités d’investissement parmi les meilleures du monde pour l’année à venir.

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What a difference a country makes. Over the last year, my French friends were extremely curious about election events in the US whereas spending some time in the US for the Thanksgiving Holiday, the French election has elicited no questions from Americans. Yes, it was Thomas Gray in 1742 who wrote “Ignorance is Bliss’; some choose to live it in 2016.

In an earlier blog (Un Américain à Paris : Election Day), some of the expected investment winners of the Trump Trade, including pharmaceuticals and oil companies, were listed. That blog, however, did not list the losers, which the biggest has been Mexico. In the election aftermath, the Mexican stock market dropped by nearly 7% in local currency terms from Election Day to the end of November. Add in a plummeting peso, in dollar terms Mexican equities dropped 15% post-election to the end of the month.

No question that the rhetoric of President-elect Trump has concerned global investors, but it seems that markets have overreacted to Trump campaign slogans. To expect full implementation of his statements means accepting the disruption of American companies’ supply chains and the negative impacts on the American economy and its manufacturing workers. Full implementation also assumes the approval of a traditionally pro-free trade Republican Congress. In short, full implementation seems to be a low probability event. Instead, consider that President-elect Trump is a self-described “Master of the Deal.” It is quite probable that his statements are not policy, but rather initial, extreme bargaining positions to be adjusted through negotiations towards a reasonable, but “winning” agreement. For a structurally sound economy with GDP growth continuing its 2.0%-2.5% range, strong consumption running at an 8% pace in retail sales growth, and exports set to benefit from a weaker currency, the investment opportunities available in Mexico over the next year may be among the best in the world.